Brol #63 – on retire la peur, on garde le reste

Publié le 29 mars 2021

(…)

Je me disais : On retire la peur, on garde le reste.

Mais la peur s’est mélangée au reste, elle s’est faufilée, infiltrée, immiscée dans la chair du reste, si bien qu’il est impossible de la séparer de l’ensemble d’un coup de scalpel.

Je la visualise de la même manière que j’imaginais la tumeur de mon amie M, ou comme je me représente l’endométriose : une sorte d’amas de matières filandreuses, un enchevêtrement de branchages souples et rosâtres prenant racine dans un terreau inadapté mais toutefois fertile, vampirisant un espace vivant, l’étouffant de sa présence confuse.

Une équipe de chirurgiens a opéré mon amie pour la libérer de sa tumeur : 9h sur le billard, des complications, un traitement lourd, des anesthésies, de la douleur, de la terreur, puis la liberté retrouvée, la vie.

Peut-être pourrai-je m’entourer d’une équipe aussi bien outillée pour déconstruire patiemment cette peur, l’évincer, en détruire chaque tentacule un à un… Ou bien apprendre à faire avec, à l’apprivoiser, à l’intégrer, à l’absorber, à la comprendre.

Ou bien : les deux.

(…)