Brol #9 – December man

Publié le 22 septembre 2017

Tout commence avec la tuerie de l’école Polytechnique de Montréal, le 6 décembre 1989, peu après 16h. Ou plutôt tout finit avec ça.

Jean est un jeune homme épargné par la tuerie (ce jour-là, Marc Lépine n’a tué que des femmes). Jean est donc un survivant, mais finalement pas si épargné. On voit quelles sont les conséquences non-immédiates de l’évènement, quels sont les dommages collatéraux provoqués par le choc. On voit comment le drame se prolonge dans la vie, dans la mémoire, dans les remords de ceux qui survivent.

Convaincu qu’il a laissé mourir les victimes, Jean est rongé par la culpabilité, traumatisé, bouleversé. Il se reproche de s’être comporté comme un lâche, de s’être sauvé (dans les deux sens du terme), de n’avoir pas été le héros qu’il aurait voulu être. Ses proches sont désarçonnés, maladroits. Ils ne parviennent pas à le comprendre, ils ne parviennent plus à se parler, chacun se replie sur soi et s’enferme dans ses projections. La pièce montre la face cachée, trouble, la partie privée de la violence publique et médiatisée qu’on connaît.

December Man est une pièce de la canadienne Colleen Murphy montée pour la première fois en français par Georges Lini, à voir au Théâtre de Namur jusqu’au 27 septembre. Je ne vais pas en faire une critique, mes collègues journalistes font ça bien mieux que moi, mais si vous avez l’occasion, allez-y ! Les comédiens sont exceptionnels, c’est bien ficelé et le tout est très poignant. (Sinon, pour le voir à Bruxelles, il sera joué au Théâtre Les Tanneurs en novembre 2018 ;-))

Encore un truc pas super joyeux, désolée  Ce qui m’aurait intéressé par rapport à cet évènement en particulier, c’est de montrer sa spécificité d’un point de vue féministe. Parce qu’il s’agissait d’un crime anti-féministe, qui a été d’ailleurs « admiré » par certains milieux masculinistes. Super. Le sujet aurait été un bon point de départ pour une réflexion sur le pouvoir du patriarcat, les inégalités hommes-femmes, la violence faite aux femmes en particulier. Mais bon là dans le spectacle la tuerie est le « prétexte » choisi pour décortiquer ce qui se passe à la la suite de l’évènement, à la suite du choc, pour les survivants. Ca aurait pu être un autre attentat, une autre tuerie, ce qui résonne évidemment avec l’actualité et les attentats récents, plus proches de nous selon la loi de proximité.

Pour finir sur une note un peu plus positive, dans le spectacle, Jean et sa mère ne sont pas d’accord sur la façon d’être heureux. Être heureuse, pour la mère, c’est savoir que son fils va être bientôt diplômé de l’université. Être heureux, pour Jean, c’est peut-être les cinq règles édictées par (?) quelqu’un dont j’ai oublié le nom mais qu’il cite dans le texte :

-> Libérer son coeur de la haine
-> Libérer son esprit des inquiétudes
-> Donner davantage
-> Attendre moins
-> Vivre simplement

A la fois bidon & juste, je suis plutôt très d’accord avec lui (pour ça du moins).

Bisous les copains 
(Et merci merci merci à vous tous qui m’envoyez des petits mots pour me dire que vous lisez mes p’tits brols & que vous appréciez ça ! C’est important pour moi, en fait !).