Brol #26 – le jour où j’ai trouvé un trésor

Publié le 14 février 2018

Comme certains le savent déjà, je suis en pleine rénovation. C’est-à-dire que je consacre beaucoup de mon énergie, une grande majorité de la partie de mon cerveau dédiée aux « soucis », énormément de mon temps libre et pratiquement tout mon argent dans un faisceau d’actions qui ont pour but d’essayer de rendre habitables quelques mètres carrés dont nous sommes les heureux (ou désespérés, selon les jours) propriétaires.

Toujours est-il qu’on peut parler d’une aventure, je pense. Quelque chose d’inédit, de riche en rebondissements, en imprévus, découvertes, déceptions, inquiétudes (voire craintes, voire limite angoisses) mais aussi en excitation, bouillonnement, effervescence.

Sans oublier bien sûr la partie où tu parfais ton apprentissage de la patience et de la frustration (mais genre vraiment puissance mille).

Sans oublier non plus la partie où tu te rends compte à quel point t’es bien entouré parce que t’as tous tes amis et ta famille qui viennent t’aider, qui sont là malgré que ce soit chiant, malgré le froid, malgré les emplois du temps chargés, malgré que les gravats c’est vraiment mais vraiment très très lourd.

Bref, un bon gros pourvoyeur d’ascenseurs émotionnels en tous genres, cette rénovation.

Puis y’a le jour où t’es en train de détruire un faux-plafond qui t’a donné du fil à retordre parce que déjà il avait failli te tomber sur la tête, puis qu’après en-dessous il y avait encore plein d’épaisseurs de plâtras, et plein de clous, et puis de nouveau du plâtras, et de nouveau des clous, et puis seulement le plancher du grenier (avec encore des clous, t’y crois ou pas? Non mais sérieux c’est un miracle que j’aie pas encore chopé le tétanos).

Donc, le faux-plafond te donne du fil à retordre.
Et puis finalement, le faux-plafond te donne aussi autre chose.
Entre les bin boum bim bam tchack tchack crrr crrr des outils qui tappent, grattent, creusent, il y a un petit shlashk qui se fait entendre. Un bruit plus léger, plus doux, à la fois direct et discret, étouffé par les autres sons de la démolition. Tu baisses les yeux. Un classeur poussiéreux et humide, là, par terre entre les gravats, tombé en même temps qu’un morceau de plâtras grisâtre.

Surexcitation, évidemment. (On avait déjà trouvé, au début, en démontant un meuble intégré dans le mur, des vieilles « actions » en papier datant d’un temps où mes grands parents eux-mêmes n’étaient pas encore nés, planquées entre le bois et les briques).

Cette fois, c’est encore mieux, le classeur contient plusieurs petits trésors : des médailles de la guerre 14, une photographie cartonnée d’un soldat qui a traversé le 20e siècle, un cours d’histoire militaire datant de 1939, une interrogation de stratégie militaire (18/20, un intello le type), et surtout, mon préféré : une magnifique gravure représentant un homme de dos, que j’imagine être le soldat, ou l’officier de la photo – il porte en tout cas un costume long, foncé, avec deux boutons blancs (ou dorés) au milieu du dos et des épaulettes ; il a les cheveux coupés ras. Sa main gauche est relevée, son bras forme un angle droit, le bas de son uniforme flotte, comme en mouvement. On le devine faire danser une silhouette, sans doute une belle femme vêtue de crinoline qu’on entrevoit derrière lui.

Voilà, tu découvres ça et tu t’émerveilles. Et tu te plais à essayer imaginer pourquoi, comment, ce qui a pu leur arriver, de quoi étaient faites les vies qui se sont succédé dans ce lieu qui bientôt sera le tien.

Ce qui est sûr c’est qu’un jour, quand notre salon sera terminé, on y encadrera une certaine gravure.

Bonne nuit les cocos !

(Et bonne Saint-Valentin aussi, du coup si vous voulez être plus dans ce thème et lire ou relire un truc un peu cucul qui parle un peu d’amour, c’est possible ici).